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Reformuler
10 > 12.11.2023
avec le Festival d’Automne 2023
Saisie par une photographie de Zanele Muholi d’une femme noire qui se scrute dans un miroir, Alice Diop pose des mots sur son propre cheminement intime et politique. Pour cette carte blanche, la cinéaste convie une assemblée de femmes avec lesquelles penser en commun, se définir, se Reformuler.
Bien que silencieuse, une image peut nous adresser la parole. Ce cliché de l’artiste sud-africaine Zanele Muholi devient pour Alice Diop la symbolique d’une révolution souterraine. Il s’agit désormais "d’oser se mettre à nu, ne plus accepter d’être définie par l’autre, regarder à l’intérieur de soi". Mais sonder depuis l’intérieur de soi quand on est une femme, quand on est une femme noire, c’est nécessairement "exhumer et questionner ce que la violence de l’Histoire a pu faire à l’intime" explique la cinéaste.
Dans cette carte blanche confiée par le Festival d’Automne, Alice Diop convie les femmes qui accompagnent son chemin aussi personnel que politique. Cette assemblée de cinéastes, poétesses, écrivaines, danseuses, chanteuses ou chercheuses ouvre un espace pour penser en commun un monde où les voix des intéressées comptent ; pour choisir ses propres termes, s’autodéterminer, se Reformuler.
Tarifs
Au programme
Vendredi 10 novembre 2023
18h00-19h00 : Page Blanche
Lecture d’extraits d'une sélection de textes par Seynabou Sonko, Guslagie Malanda, Kiyémis et Alice Diop
La carte blanche Alice Diop s'ouvre avec un chœur de femmes, réunies pour faire entendre une parole intime de femmes noires, d’hier et d’aujourd'hui. Un chœur de voix chuchotées, murmurées. À travers des lectures de textes choisis et partagés par Alice Diop, figurent tous les thèmes et questionnements abordés durant ces trois jours.
« Cette sélection de textes - poèmes, romans, essais - irrigue et nourrit mon travail actuellement, qui se porte sur l’histoire, le poids de l’héritage... comment avons-nous été façonnées par le trauma colonial. Nombre de ces questions ont été abordées par les chantres de la négritude mais quand ceux-ci parlaient de ''leurs frères noirs'', intuitivement je leur répondais dans ma tête ''Et vos sœurs dans tout ça ?''. » – Alice Diop
Conversation entre Alice Diop et Miriam Bridenne
La lecture est suivie d'une discussion introductive à cette carte blanche entre Alice Diop et Miriam Bridenne, directrice adjointe de la librairie Albertine à New York.
19h30-21h00 : Le Voyage de la Vénus noire / Conspiracy / Et les chiens se taisaient
Lecture de Le Voyage de la Vénus noire de Robin Coste Lewis
Mise en espace : Alice Diop | Avec : Kayije Kagame | Traduction et collaboration artistique : Nicholas Elliott
Dans Le Voyage de la Vénus noire, épilogue du recueil de poésies Voyage of the Sable Venus and Other Poems de Robin Coste Lewis - poétesse parmi les plus importantes de la scène américaine et Prix Pulitzer pour cet ouvrage -, une femme part à la recherche des corps fragmentés de toutes ces femmes noires qui peuplent la marge des tableaux depuis la Renaissance. En découvrant ce texte en prose qui offre une relecture radicale de l’Histoire de l’art, Alice Diop y a reconnu ses propres questions, transfigurées dans cette vaste épopée poétique et politique.
avec le soutien de la Villa Albertine
Projection du court métrage Conspiracy de Simone Leigh et Madeleine Hunt-Ehrlich
Conspiracy est un film collaboratif des artistes Simone Leigh et Madeleine Hunt-Ehrlich, qui célèbre les multiples facettes de l'identité des femmes noires. Il mêle la sculpture et la réalisation cinématographique pour créer une œuvre hypnotique. Le film est une réinterprétation de Hands of Inge de 1962, un documentaire sur l'artiste Ruth Inge Hardison, et rend hommage à son héritage artistique et à son défi des normes blanches dans le monde de l'art.
Projection du court métrage Et les chiens se taisaient de Sarah Maldoror, texte d'Aimé Césaire
Et les chiens se taisaient est un film inspiré de la pièce d’Aimé Césaire dans lequel le rebelle exprime sa révolte contre l’esclavage de son peuple dans un poème poignant. Les comédiens Gabriel Glissant et Sarah Maldoror se produisent aux réserves du Musée de l’Homme dédiées à l’Afrique noire, intégrant trois spectateurs silencieux. Des statues et masques anciens ainsi que des vues de paysages martiniquais enrichissent le film.
21h30 : Concert - Irreversible Entanglements
Le collectif de free jazz étasunien Irreversible Entanglements fait étape à Paris lors de la Carte Blanche Alice Diop, à l’occasion de sa tournée européenne Protect Your Light. Le quintet, notamment composé de la poétesse et MC Camae Ayewa (alias Moor Mother), a sorti son premier album en 2017 et a parcouru le monde. Leur dernier album, Protect Your Light sorti en 2023 sous le prestigieux label Impulse!, infuse toujours une énergie afro-futuriste, rythmé par les prêches de Moor Mother.
Samedi 11 novembre 2023
18h00-19h30 : Le Voyage de la Vénus noire / Conspiracy
Lecture de Le Voyage de la Vénus noire de Robin Coste Lewis -
Mise en espace : Alice Diop | Avec : Kayije Kagame | Traduction et collaboration artistique : Nicholas Elliott
+ Projection du court métrage Conspiracy de Simone Leigh et Madeleine Hunt-Ehrlich
+ Projection du court métrage Et les chiens se taisaient de Sarah Maldoror, texte d'Aimé Césaire
20h00-21h00 : La performance d'automne de Maré Mananga
Maré Mananga est une chorale afroféministe composée d'interprètes aux origines et histoires riches et variées. Elle est née en 2020 autour de l’envie de sonoriser des présences marginalisées en prenant l'espace, en visibilisant leurs histoires plurielles, leurs luttes et leurs identités. À travers leurs voix et rythmes musicaux, il y a la volonté de transmettre joie, amour et force pour leurs luttes, mais aussi du partage, de l’intime, de la sécurité et de la beauté. Maré Mananga interprète des chants issus des cultures et des histoires noires de tous les continents.
en accès libre
22h30 : Concert - Mélissa Laveaux
Ouverture des portes : 22h00
Dans ce concert imaginé spécialement pour la Carte Blanche Alice Diop, Mélissa Laveaux propose une constellation de ses textes poétiques et compositions musicales. Avec des horizons musicaux variés, Mélissa Laveaux met en lumière le pouvoir de la musique en tant qu'instrument de résistance politique. Son dernier album Mama Forgot Her Name Was Miracle, sorti en 2022, explore une dimension thérapeutique de la musique, rendant hommage à des héroïnes oubliées de l'Histoire.
Dimanche 12 novembre 2023
16h00-17h30 : Le Voyage de la Vénus noire / Conspiracy
Lecture de Le Voyage de la Vénus noire de Robin Coste Lewis -
Mise en espace : Alice Diop | Avec : Kayije Kagame | Traduction et collaboration artistique : Nicholas Elliott
+ Projection du court métrage Conspiracy de Simone Leigh et Madeleine Hunt-Ehrlich
+ Projection du court métrage Et les chiens se taisaient de Sarah Maldoror, texte d'Aimé Césaire
18h00-19h00 : Conversation sur le spoken word avec Casey et Lisette Lombé
Alice Diop imagine cette rencontre entre Casey, rappeuse connue pour son flow ciselé et ses textes emplis d’incandescence, et Lisette Lombé, slameuse aux multiples pratiques poétiques, scéniques, plastiques, pédagogiques et militantes, - et également Poétesse nationale de Belgique pour 2024 et 2025 -, pour donner l’occasion à ces deux artistes de partager leurs pratiques et les sujets qui les unissent. Une de ces pratiques est le spoken word (littéralement "mot parlé"), une façon particulière d'oraliser un texte, qu'il soit poétique ou autre.
19h00 : Bintou Dembélé - Rite de passage – solo II
À quoi ressemblerait une danse "marronne" ? Si le marronnage a historiquement qualifié la fuite des esclaves africains loin des maîtres qui les maintenaient en captivité, le terme en est venu à désigner, en art, la conquête d’un espace de liberté face aux contraintes imposées par un système. Bintou Dembélé poursuit aujourd’hui sa recherche sur cette idée par le biais de ce nouveau solo, pensé pour le danseur Michel "Meech" Onomo.
Tout le week-end
Est-ce que je peux pleurer pour toi ?
Installation sonore de Verena Paravel, Alice Diop, Hélène Frappat et Penda Diouf
Une mère offre à sa fille un carton rempli de photos. Elles ont été trouvées dans une enveloppe scotchée dans l’album de mariage des grands-parents maternels, mélangées avec des photos de famille : communion, anniversaire, photos d’enfance de Verena en Algérie, au Togo, en Côte d’Ivoire, en Bretagne.
Il s’agit alors pour les deux cinéastes, Verena Paravel et Alice Diop de faire de cet album retrouvé le point de départ d’un travail commun. Le passé de l’une fait émerger les non-dits dans l’histoire de l’autre. Il s’agira des lors pour elles, d’interroger l’héritage colonial à partir d’une place située ; l’histoire d’une famille blanche en Afrique, celle d’une famille noire ; chacune marquée par ce poids de l’histoire. Ces récits mêlés, ce compagnonnage intime, cette quête et cette recherche commune donnera naissance a un objet hybride, inclassable, contre disciplinaire, qui empruntera à l’enquête, au documentaire, à l’essai, à la fiction, la peinture, la psychanalyse, au journal intime.