Clédat & Petitpierre et Olivier Martin-Salvan

Une silhouette juchée sur un îlot doré, se décroche de l’obscurité. Des sabots et des cornes scintillent dans la brume. Un torse humain et des pattes velues se tordent au rythme de râles mélancoliques. Et voilà qu’apparaît le dieu Pan, mi-homme, mi-bouc. Abandonné à la naissance par sa mère, il aurait été recueilli par les dieux de l’Olympe avant de redescendre sur Terre. Du haut de son rocher, Pan renâcle sa solitude, entre hurlements furieux et pulsions lubriques, parfois domptés par le sommeil, indifférent aux spectateurs qui l’entourent. Clédat & Petitpierre offrent un écrin épuré, allégorie d’une Arcadie originelle, pour observer cette divinité ambiguë, glissée dans la peau d’Olivier Martin-Salvan. Avec une allure de colosse qui rompt avec celle, gracile, du faune de Nijinski, le comédien joue de son corps comme d’une flûte dans une performance sans parole, où l’animalité fusionne avec la virtuosité ; la sauvagerie avec l’érotisme.