BERLIN / Bart Baele & Yves Degryse

Tchernobyl, 26 avril 1986. La vie des gens dans et autour de la petite ville de Pripyat connaît un revirement total après l’explosion d’un réacteur de la centrale atomique lors de l’échec d’un essai nucléaire. Dans un rayon de 30 kilomètres, la population d’environ 90 villages est évacuée. Tous sont forces d’abandonner à jamais leurs habitations et leurs maigres avoirs. Un couple du hameau de Zvizdal refuse de quitter les lieux.

Pétro et Nadia, qui ont entretemps 80 ans passés, sont restés obstinément dans leur ancien village. Tous les amis et voisins ont disparu et leurs maisons pillées sont petit à petit envahies par la nature qui reprend ses droits. Zvizdal nous montre un couple indestructible qui, malgré la pression d’une solitude auto-imposée, résiste tant bien que mal dans la zone contaminée. Sans eau courante, électricité, téléphone ou poste. Uniquement armés de leur humour qui les tient debout.

Pendant cinq ans, BERLIN s’est rendu à intervalles réguliers à Tchernobyl pour chaque fois y passer du temps avec Pétro et Nadia, les interviewer devant la caméra et suivre leur vie et leurs choix. Il y a les superstitions, la vodka, les murmures, les jurons, les chants, les maux de dents, les maladies de vieillesse, la marche de 20 km jusqu’au premier magasin, l’attente de voir apparaître quelqu’un du monde extérieur. Il y a le très vieux cheval et la vache maigre comme un clou qui font office de figurants. Nous sommes ainsi les témoins silencieux des dernières années de ce couple singulier, de la lente érosion de leur village et de la disparition inévitable d’un mode de vie. Zvizdal est un récit sur la terre natale, l’amour, l’humour et la survie dans l’isolement. Un spectacle qui est, hélas, à nouveau très actuel depuis la guerre en Ukraine.